DES BULLES DANS LE SANG ?
Malgré ce grand pas en avant, la victoire de l’homme sur les profondeurs n’était cependant pas complète. On avait remarqué que, lors de la remontée, les plongeurs étaient frappés d’un étrange mal allant des simples douleurs musculaires à la mort en passant par tous les désordres du système nerveux. Déjà, ce mal avait été étudié sur les ouvriers travaillant dans des caissons pneumatiques immergés. On le nomma donc « mal des caissons ».
Ce fut le physiologiste français Paul Bert qui trouva une explication scientifique à ce phénomène. Il découvrit que quand le corps humain est soumis à une certaine pression, l’azote contenu dans l’air se dissout dans le sang. Lorsque cette pression diminue trop brusquement, l’azote se condense en bulles qui emplissent les vaisseaux sanguins. Lorsque ces bulles atteignent le cœur ou le cerveau, elles y provoquent des troubles pouvant entraîner la folie, la cécité, la paralysie ou la mort. Sur les données de Paul Bert, l’Anglais Haldane imagina donc la méthode de remontée dite de « décompression par paliers », méthode consistant à obliger le scaphandrier à s’arrêter à plusieurs reprises et pendant un laps de temps déterminé, avant de regagner la surface. Cette décompression lente permet à l’azote contenu dans le sang de se résorber.
Arrivé à ce point de perfectionnement, la technique se devait encore d’affranchir le plongeur de sa dépendance envers le monde aérien. Il fallait supprimer l’encombrant tuyau de caoutchouc, le casque et les lourdes semelles de plomb, en un mot rendre à l’homme son autonomie.
Déjà, Rouquayrol et Denayrouze avaient substitué dans leur nouvelle version du scaphandre de Siebe, un réservoir d’air placé sur le dos du plongeur à la pompe refoulante actionnée de la surface.